Utiliser des semences sauvages des Pyrénées pour reconstituer les habitats naturels

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Utiliser des semences sauvages des Pyrénées pour reconstituer les habitats naturels

Aux étages montagnards et subalpins, les aménagements d’infrastructures et l’érosion hydrique peuvent dégrader fortement les sols et les écosystèmes qui leurs sont liés. Après perturbation, les pelouses et prairies naturelles ont besoin de temps pour retrouver leur équilibre.
Dans certains cas, les dynamiques de colonisation végétale peuvent nécessiter des décennies, conduire à une importante modification de la flore initiale et une dégradation par érosion de la ressource en sol.
Dans les Pyrénées, des efforts sont réalisés - à l’initiative de différents acteurs (propriétaires privés, collectivités et intercommunalités, gestionnaires d’espace,...) - pour restaurer des couvertures végétales sur les sites dégradés, comme par exemple des stations de ski, talus et bords de routes.
Le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées accompagne les acteurs de l’aménagement dans la mise en oeuvre de pratiques de revégétalisation plus respectueuses de l’environnement.
Depuis 2003, plusieurs projets de collecte et de multiplication de semences et plantes sauvages des Pyrénées ont permis leur utilisation sur des chantiers de restauration écologique.
Aujourd’hui l’utilisation de végétaux d’origine sauvage et locale est une pratique en plein essor. Bien identifiée par les bureaux d’études et les maîtres d’ouvrage, elle se consolide petit à petit en fonction des ajustements entre l’offre et la demande.
Pourquoi utiliser des plantes sauvages d’origine locale ?
De nombreux mélanges de semences proposés dans le commerce, et encore utilisés pour la plupart des revégétalisations, ne sont pas adaptés aux conditions extrêmes de la montagne et aux spécificités bioclimatiques des Pyrénées. Leurs faiblesses ou les risques qui leurs sont liés se révèlent très vite :
• des couverts végétaux peu pérennes ;
• la nécessité de doses importantes de semences et de fertilisants ;
• une compétition avec la flore sauvage locale pouvant entraîner des disparitions locales, avec un risque amplifié lorsque les plantes introduites sont adaptées aux conditions écologiques d’altitude mais sont originaires d’autres massifs montagneux ;
• des risques d’hybridation avec la flore sauvage pouvant entraîner une perte d’adaptation aux conditions pédoclimatiques locales ;
• des modifications des communautés végétales perturbant l’ensemble de l’écosystème.
Il est donc préconisé de restaurer les habitats naturels avec des plantes sauvages d’origine locale. Ces milieux naturels sont caractérisés par des conditions géologiques, pédologiques, climatiques, ainsi qu’une flore et une faune associées. En favorisant un niveau élevé d’interactions entre ces composantes indissociables, l’utilisation de végétaux d’origine locale permet de relancer plus efficacement le fonctionnement dynamique des systèmes sols-plantes restaurés.
Pour recréer une végétation proche de celle qui existait avant un aménagement, il convient donc de réimplanter les espèces structurantes des communautés végétales naturellement présentes sur le site.

Depuis la fin des années 1980, les scientifiques ont mis en évidence l’intérêt des semences d’altitude d’origine locale pour la réussite des revégétalisations et pour une intégration écologique et paysagère des sites aménagés. De nombreuses expérimentations ont été réalisées, notamment dans les Alpes allemandes, autrichiennes, italiennes, françaises et suisses.
Mieux adaptées aux conditions de la montagne (climat, géomorphologie, sols), elles contribuent notamment à :
• former des couverts végétaux pérennes et diversifiés,
• reconstituer des interactions entre les plantes, les micro-organismes et la faune des sols (amélioration des propriétés physico-chimiques des sols et du recyclage des nutriments),
• recréer des associations végétales dont le fonctionnement est proche de celui des habitats naturels
perturbés,
• conserver la flore locale en limitant les risques de compétition et d’hybridation liés à l’introduction de plantes exogènes.
D’un point de vue économique, l’utilisation de plantes d’origine locale permet de :
• réduire les besoins en semences et fertilisations,
• assurer une meilleure tenue de la neige grâce aux couverts végétaux,
• limiter l’érosion,
• maintenir la qualité et la quantité de ressource fourragère d’altitude,
• préserver l’esthétique des paysages.

La fiche 1 de ce guide décrit plus en détail ce que l’on entend par semences d’origine locale et les régions biogéographiques auxquelles elles sont rattachées.